samedi 29 septembre 2012

Never say Never

Un mois de prépa ! Comme cela passe vite ! Je commence à entrer dans le vif du sujet, et je vois la liste des choses-que-je-n'aurais-pensé-faire-pour-rien-au-monde-avant-l'hypokhâgne s'allonger à vue d'oeil. Je découvre, par exemple, avec bonheur, que l'espagnol ne consiste pas seulement à apprendre par coeur les paroles de la macarena - comme on a pu me le laisser croire au collège et au lycée - ou encore, que je suis capable de dévorer un livre sur les économies-mondes au XVème siècle et de trouver passionnant ce que je parviens à comprendre (entendez une page sur trois !)

C'est fou, fou, fou. Souvent difficile, la plupart du temps passionnant. Le travail commence à abonder, mais pour l'instant je l'envisage plutôt sereinement. Trois nouvelles dissertations. Philo : "La sensibilité est-elle un obstacle à la connaissance vraie ?" Histoire : "Grecs et Perses de la révolte de ionie à la fin des guerres médiques." et en histoire des Arts, une citation de Daniel Arasse. Ah, et Au secours, je passe ma première khôlle d'espagnol mercredi prochain ! J'espère avoir rapidement accès à internet au sein de l'internat pour pouvoir vous raconter tout ça le plus vite possible !
Je lis, conformément aux conseil des deuxième années, pour mon propre plaisir. Je viens de terminer Le Portrait de Dorian Gray que j'ai aimé du début à la fin (ce que je vais vous avouer est terriblement cliché mais je suis passée du rire à la frayeur pendant tout le livre !) A présent j'hésite entre le Banquet de Platon (conseillé par ma prof de philo de l'art) et à l'Ombre des jeunes filles en fleurs.

Et, puisque cela fait un mois que je suis en hypokhâgne (je me sens trop wise sisi tavu) j'ai décidé de dresser un petit bilan en me calquant sur mes craintes pré-hypokhâgne. Se sont-elles vérifiées ? Pour ce qui est de la coloc tyrannique, des camarades et des profs snobs, je me trompais sur toute la ligne. L'ambiance de ma classe et de l'internat est tout simplement parfaite, les gens sont adorables et les fous rires du soir sont nombreux.
Pour ce qui est des cours que je redoutais (espagnol et géo), ils sont évidemment compliqués, mais ces deux matières me sont exposées de sorte que je me demande comment j'ai pu les détester jusque là (les deux profs des matières respectives me paraissent très exigeantes et sans concessions, mais absolument brillantes et passionnantes.) Tant pis, donc, si j'ai 2 de moyenne. J'ai envie de progresser, je reste scotchée à chaque cours et c'est cela qui compte. Quant aux sorties, franchement, cela ne me paraît pas problématique pour l'instant, j'ai vu quelques amis bien que je n'aie pas encore festoyé ! En somme, la seule chose à propos de laquelle j'avais eu raison de m'inquiéter, c'est la fatigue haha, cette fatigue qui se matérialise sous mes yeux et que je combats à coup de thermos de thé brûlant. Malheureusement, je crois qu'elle est inévitable. CECI DIT, j'ai, dans le même temps que je constatai cette fatigue conquérante, remarqué que les études littéraires sont parfaitement compatibles avec le trio "lit-couette-thé" : en effet, tant qu'à lire la Politique d'Aristote qui, il faut l'avouer, n'est pas l'ouvrage le plus funky au monde, eh bien autant le faire dans un lit. (ce qui serait absolument impossible si je faisais des études de cuisine, par exemple - On constate qu'il est relativement malaisé de concocter une pâte à tarte ou un Poulet thaï en position horizontale.)

Bref, je suis toujours comblée par la prépa, mis à part cette fatigue malgré tout envahissante. J'espère qu'elle ne me fera pas fléchir pendant les mois réputés difficiles (janvier, février). à Bientôt !

samedi 15 septembre 2012

"Le monde existe pour aboutir à un Livre"

Installée dans mon lit entourée d'une dizaines d'auteurs dont je n'avais jamais entendu parler il y a moins de deux semaines, mon thé dans une main et mon "Le mot et l'idée" dans l'autre, je viens de me faire une réflexion. Serais-je devenue une hypokhâgneuse ? Comme ça, paf ? Ça me serait arrivé au cours de la nuit.

Je totalise, donc, deux (heureuses) semaines de prépa. Et pour l'instant, chacune s'est déroulée d'une part dans la dégustation de cette dernière, d'autre part dans l'attente de la suivante. Un piétinement permanent, en somme. (Piétinement aussi littéral qu'imagé si l'on en juge les kilomètres d'escaliers qui se déroulent sous moi en une journée haha.) Bon, je ne nie pas la fatigue, ni nos mines perplexes devant certains plats de la cantine (parce-que certes ai-je appris à dire "pentamètre iambique" en anglais et "substantifique moelle" en espagnol, mais mes découvertes gustatives de type "Croziflette*" seraient à rendre fades ces vains apprentissages) Mais bon, ces quelques contrariétés ne sont pas - encore ? - assez envahissantes pour me gâcher le plaisir de l'hypokhâgne. Honnêtement, les cours se font de plus en plus passionnants. Mes cours préférés : Culture antique, philosophie de l'art et Lettres. J'entame ma première dissertation de Lettres. Une citation de Nabokov, sur le thème de la lecture. Je lis la géniale Odyssée d'Homère. Je découvre les textes critiques que j'ignorais totalement jusqu'ici. Des pages entières traitant du phénomène de la lecture, et un tourbillon de références se faisant écho entre elles. Ce que j'aime en hypokhâgne, ce que j'avais adoré en philo l'année dernière, c'est voir mes opinions bousculées, et me demander comment j'ai pu ne pas y penser avant, ne pas penser à retourner le problème pour le voir à travers cette perspective tellement plus riche que toutes celles que j'avais envisagées jusqu'alors. Et je crois que c'est cela que j'attends de la lecture, ou que j'attends tout court, d'une manière générale. Voir mes préjugés bousculés. 
 
« Bien souvent nous tenons un écrivain pour une personne réelle et historique parce-que nous le voyons en chair et en os, et que les personnages qui sont le fruit de son imagination, nous les prenons pour des fictions de sa fantaisie, alors qu'il en est tout au rebours : ce sont les personnages qui existent en vérité et qui se servent de cet autre qui nous semble être de chair et d'os pour prendre eux-même figure devant les hommes. »
 Unamuno

* La Croziflette est le nom savant qui désigne une tartiflette à base de petites pâtes carrées, généralement inondée de crème fraîche et de fromage. Si, je vous assure.

dimanche 9 septembre 2012

Semaine 1

Ça y est ! Ma première semaine en prépa est déjà écoulée, et pourtant je ne saurais encore me définir comme une Hypokhâgneuse avec un grand H. En réalité, tous ces appels anxieux de mes proches m'ont plutôt fait sourire : "tu n'es pas morte ?", "tu croules sous les devoirs ?" Eh bien pour tout vous dire, non. Et même que je les attends avec un certain empressement, tous ces devoirs. Ma première semaine m'a fait entrevoir la quantité considérable de livres, de mots, d'histoires passionnantes que je vais découvrir cette année, et, il faut le dire, je brûle littéralement d'impatience.

Lundi dernier, je traîne donc mes deux grosses valises dans le RER et dans le métro, pour découvrir ce qui, si tout va bien, sera mon principal habitât pour un ou deux ans. Dans la foule des étudiants qui s'empressent devant la Chapelle du lycée où l'on est tenu de venir récupérer ses clés, une angoisse m'envahit. J'écoute malgré moi les discutions des élèves entre eux : "Mes parents ont fait leur prépa ici, blablabla, Toute ma famille est à Normal Sup...Blablabla" Mais qui sont ces extras-terrestres, me demandé-je avec appréhension. Lorsque vient mon tour, je ravale mes craintes et découvre le nom de celle qui sera ma colocataire. Puis, trois étages pour le moins imposants plus tard, je découvre notre chambre. Première bonne surprise : l'intérieur est plus que confortable. Deuxième bonne surprise : lorsque ma colocataire entre dans la chambre avec ses grosses valises, je me prends presque instantanément de sympathie pour elle. Sentiment dans lequel je me verrais confortée au cours de la semaine. Nous nous installons tranquillement, dans l'attente - tintée d'angoisse - des premiers cours et de la rencontre avec notre classe.

Nous sommes jeudi. Après deux jours très paisibles (banalisation des cours du mardi après-midi et journée d'intégration très sympa le mercredi), nous nous embarquons dans ce qu'on pourrait appeler "les choses sérieuses". On commence par deux heures d'anglais, puis nous rencontrons les professeurs de latin, de géo et d'histoire. Je les trouve tous humains (bien que certains m'impressionnent a little bit), passionnés et passionnants. Mention spéciale pour la prof de latin, dont les discours nous laissent littéralement scotchés. Ses paroles dégagent une sorte de charme magnétique, si bien qu'à la fin du cours, tout le monde meurt d'envie de se plonger dans Homère et dans Virgile, qu'elle nous a décrit avec passion. Elle a su rendre, à travers notre thème "Représentations de l'espace : l'ici, l'ailleurs, l'au-delà", cette langue morte bien vivante, absolument actuelle et nécessaire à la compréhension des civilisations contemporaines. Elle nous a, par exemple, expliqué les différences de conceptions entre les civilisations Européenne et Américaine par leurs influences en terme de littérature antique (littératures grecque longtemps privilégiée par les Européens, et négligée par les Américains au profit de la littérature Romaine, et vice-et-versa). Je sens que je vais adorer le latin, ce à quoi je ne m'attendais pas spécialement. Jeudi soir, je vais jouer aux cartes avec les autres internes, histoire de mieux faire connaissance. Bonheur de pouvoir parler littérature, musique, philo avec des gens qui n'en sont pas moins jeunes et vivants. Au lycée, sauf exception, il était impossible de parler de choses intéressantes sans se faire railler. Ici, les gens sont à la fois passionnés et tout à fait normaux (rien à voir avec le stéréotype du rat de bibliothèque). Nous nous lançons dans une discussion sur Les Mouches et Huis Clos de Sartre, avec un détour par Camus et pas mal de rigolades. je sens que je vais me plaire avec eux.

Vendredi, nous rencontrons encore de nouveaux professeurs : Histoire des arts, philosophie de l'art, philosophie tout court. J'ai un coup de foudre - ce à quoi je m'attendais assez - pour la philo de l'art. Deux heures dans la semaines entièrement consacrées aux questions passionnantes du Beau et de l'Art. Je suis restée captivée pendant toute la durée du cours. La prof d'histoire des arts est elle aussi très intéressante.

Samedi matin, deux heures de français. Le prof introduit son cours par la question : Pourquoi lire dans un monde dominé par la science et le commerce ? Et enchaîne sur la nécessité des Lettres, dans un cours truffé de références passionnantes à des sociologues ou écrivains contemporains s'étant penchés sur cette question de la lecture. Quand sonne la fin du cours, c'est presque à regrets que nous quittons la salle.

En bref, ma semaine a été intense (tant de nouveautés en si peu de temps) mais j'attends la suite avec un immense enthousiasme. En quelque sorte, je suis restée sur ma faim. Oyé oyé, dissertations, nuits blanches, piles de bouquins, 0.5/20 de moyenne, accourez, croulez sur moi, je vous attends ! Haha. Enfait, je ne me sens pas encore totalement en hypokhâgne, bien que les profs nous aient fourni une bibliographie plutôt dense dans chaque matière et que j'aie 450 mots de vocabulaire d'anglais à apprendre pour lundi prochain. J'en veux plus ! ( si je relis ces lignes dans deux mois je vais me haïr) En tout cas, mes envies de lectures, encore plus que d'habitude, vont dans tous les sens. Les professeurs ont vraiment le don de nous transmettre leurs passions livresques. J'ai terminé l'Education sentimentale (yessss) et Comment parler des livres qu'on a pas lu de Pierre Bayard, livre très intéressant et drôle qui m'a donné envie d'en lire mille autres (entre autres Je suis un chat de Soseki, qui a l'air absolument génial mais que je n'aurais jamais le temps de lire). Et hier, j'ai commencé L'Odyssée qui pour l'instant me plaît beaucoup.

Voilà tout ça pour dire que l'hypokhâgne c'est trop cool ! Et vous, comment s'est passée votre rentrée ?

lundi 3 septembre 2012

Rentrée !

Voilà. Dans quelques heures, je serai interne et demain, hypokhâgneuse !
Au moment où je vous parle, je suis dans les préparatifs jusqu'au cou. J'ai envie d'emporter toute ma maison. Les catégories "écharpes" et "pulls douxdouxdoux réconfortants" sont particulièrement saturées, sans oublier le plus important : le THÉ ! Yahahahihihhohoho je suis toute excitée de rentrer en hypokhâgne !
Alors je vous laisse avec de la musique et je reviens dans une semaine pour vous raconter tout cela ! Bonne rentrée à tous !


samedi 1 septembre 2012

Du côté de chez Swann

" [...] et certes quand ils étaient longuement contemplés par cet humble passant, par cet enfant qui rêvait - comme l'est un roi par un mémorialiste perdu dans la foule -, ce coin de nature, ce bout de jardin n'eussent pu penser que ce serait grâce à lui qu'ils seraient appelés à survivre en leur particularité les plus éphémères; et pourtant ce parfum d'aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d'une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l'eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d'années successives, tandis qu'alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les foulèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. Parfois ce morceau de paysage amené ainsi jusqu'à aujourd'hui se détache si isolé de tout, qu'il flotte incertain dans ma pensée comme une Délos fleurie, sans que je puisse dire de quel pays et de quel temps - peut-être tout simplement de quel rêve - il vient."
  Marcel Proust, Du côté de chez Swann.






Proustproustproustproustproust. J'ai envie de lire à l'Ombre des jeunes filles en fleur. Et tout le reste. Mais pour l'instant, je bloque sur L'éducation sentimentale que je dois lire pour la prépa. J'ai découvert Flaubert avec passion il y a quelques années (Mme Bovary, mon amour) et là, rien. Je reconnais que c'est bien écrit, que l'histoire n'est pas totalement inintéressante, mais je n'arrive justement pas à m'y intéresser. Frédéric rime avec soporifique. Je ne demande pas que les héros de livres soient tous comme Mme de Clèves, "la plus jolie et la plus vertueuse et la plus parfaite de la Cour du roi", au contraire. J'aime bien les "anti-héros", mais là, Frédéric le lâche ne me fait ni chaud ni froid. Je me sens presque coupable de ne pas aimer, parce-que quand même, c'est Flaubert. Enfin. Je lis le Degré zéro de l'écriture de Barthes en parallèle que je trouve, bien que difficile, tout à fait passionnant. 

Sinon, je m'installe à l'internat dans 2 jours et je n'ai pas encore décidé si j'étais effrayée ou super enthousiaste.