mercredi 21 novembre 2012

Rentrée.

Yé né souis pas morte ! Certes cela fait deux semaines que je n'ai pas posté, mais je vous assure que cette rentrée n'a pas eu raison de moi ! En fait, ça va plutôt bien, je me suis replongée dans l'univers prépa-internat aussi vite que je l'avais oublié pendant les vacances. La période qui s'annonce est censée être la plus difficile : concours blancs, ciel bas et lourd pesant comme un couvercle*, jours dépourvus de lumières et accélération du rythme de travail. C'est ce que disent les profs, et accessoirement les ragots.
Pour l'instant, les Concours Blancs m'apparaissent comme une petite tache lointaine à l'horizon, mais en réalité ma première épreuve a lieu dans deux semaines. Je crois que je ne réalise pas, peut-être parce-qu'au fond je trouve ça assez absurde de nous faire plancher sur des sujets de Normal Sup alors qu'on sort de terminale. J'ai l'impression de faire les choses à l'envers, vous comprenez ? De sauter une étape. M'enfin, d'un autre côté, je sais qu'avoir 18 du premier coup n'est pas l'objet de l'exercice : on ne nous demande pas un niveau de normalien, d'ailleurs je me demande si certains pensent déjà, en ce début d'année, à l'ENS.
A la rentrée nous avons relativement croulé sous les copies rendues, aussi je peux me faire une idée plus globale de ce qui va et ce qui ne va pas.

* Mea Culpa, ô Baudelaire mon amour, pour cet hommage si réducteur !


Lettres : Une chose est sûre, c'est que j'adore ça. Les cours sont vraiment passionnants, et ce qui est fascinant, c'est qu'en dépit des années de français qu'on a derrière nous, on continue à apprendre, et surtout, on apprend plus que l'on a jamais appris, sous un angle totalement différent. Jusqu'au lycée, on nous a appris à lire des texte mécaniquement, à les découper en les dénaturant, à réciter nos cours sur le roman ou la poésie : je détestais le commentaire littéraire. Mais à présent, le prof nous incite à être surpris par un texte, à chercher en quoi il ne colle pas parfaitement avec notre cours sur le roman : nous cherchons ce qui fait la singularité d'un texte, et c'est passionnant. Je crois que c'est une de mes matières préférées, même si je trouve ça assez difficile. Les sujets de dissertations sont eux aussi passionnants. Pour l'instant, je dois avoir une moyenne de 11 environs, ce qui n'est pas mal mais qui, à mon avis, ne va pas durer (au vu du dst qu'on a eu avant les vacances et qu'il ne devrait pas tarder à nous rendre).

Histoire : Aïe. Une de mes matières "faibles". Je conçois que ce soit passionnant, mais n'ayant jamais eu la fibre de l'historien, j'avoue que j'ai des difficultés. J'ai passé une khôlle absolument épouvantable la semaine dernière (la prof a été tellement clémente de me mettre 9 alors que je méritais 5), et j'ai eu 7 à ma dissert, ce qui est dans la moyenne de la classe, mais plutôt faible, je pense. Conclusion : en histoire, il va falloir que je mette "les bouchées doubles".

Géographie : infiniment compliqué et passionnant. J'ai toujours été nulle en géo, aussi je n'espère pas grand chose au niveau des notes, mais les cours en eux-même sont impressionnant par leur densité et par tout ce qu'ils éclairent. Mention spéciale à ma prof impressionnante par sa culture et dont j'aime l'humour "pince sans rire."

Espagnol : Alors là, LA bonne surprise de l'hypokhâgne. Petit mot à l'intention de la "moi" du passée : non, l'espagnol n'est pas nécessairement cette langue moche et ennuyeuse que l'on apprenait au collège et au lycée. Honnêtement, je pense que cela tient à ce que j'ai une super prof, mais j'ai eu une véritable révélation, moi qui ai toujours détesté l'espagnol. On étudie des textes littéraires que je parviens à trouver géniaux, et contre toute attente, mes notes ne sont pas catastrophiques. J'ai eu 10.5 à mon dernier dst, et j'espère progresser encore !

Latin : C'est affreeeeuuuuusement difficile mais affreusement intéressant du même coup. Mais ça aussi, je pense que c'est dû à ma prof qui est la culture incarnée ET que je trouve en même temps très sympathique et drôle. Bon, j'avoue que je galère vraiment avec la langue en elle même, mais la culture antique, je trouve ça vraiment génial. Et puis je viens d'avoir un inespéré 13/20 à ma khôlle alors j'ai décidé que j'aimais le latin.

Philosophie : Un peu déçue par mon 4, et par la différence d'exigences entre la terminale et l'hypokhâgne. L'année dernière, ce qui comptait était plus le fait de construire une réflexion que de citer des auteur. Cette année, sans qu'il ne se réduise à une récitation de cours, j'ai le sentiment que l'exercice est plus "artificiel" : on doit construire un plan thèse-antithèse-synthèse, et citer un auteur par argument. Mais bon, mon 4 m'a motivée pour mieux réussir au prochain devoir, et les cours restent, bien que difficiles, intéressants.

Anglais : Comme ça fait plaisir d'apprendre autre chose que ce qu'on nous répète depuis des années qu'on fait de l'anglais ! J'ai toujours aimé l'anglais, mais je me suis toujours plus ou moins ennuyée en cours, ce qui n'est pas le cas cette année. Ça fait plaisir d'étudier enfin de vrais textes littéraires. Au niveau des résultats, c'est la matière ou mes notes sont les plus hautes, j'ai environ 15 de moyenne pour l'instant. (par contre, les listes de vocabulaire, yerk.)

Histoire des Arts : Encore une des matières que je préfère, en particulier la philosophie de l'art, qui me laisse à chaque cours tout bonnement scotchée. Je n'ai pas encore eu de note à ma dissertation, je pense que ce ne sera pas brillant vu ce que les khâgneux nous ont dit de la sévérité de la notation.


Sur ce je cours me faire une tisane et réviser mon histoire grecque pour le dst de vendredi !

lundi 5 novembre 2012

ça y est, ma première semaine de vacances s'est écoulée : il va falloir s'y remettre ! Se détacher totalement des intrigues hypokhâgnesques pour quelques jours, quel bonheur ! J'ai lu le père Goriot tout doucement, et picoré dans Alcools d'Apollinaire : comme ça fait du bien de prendre le temps !
Hier, j'ai entrepris de commencer mon premier sujet de philo "Peut-on penser l'homme comme une partie de la nature ?". (Aristotekantdescartesrousseaufreud dans ma bibliographie, oups.) Et comme, avec d'autres élèves héritiers eux aussi d'un sympathique 4/20, nous avons eu la bonne idée de demander un deuxième sujet facultatif au prof, J'enchaînerai sur "Sommes-nous des sujets libres et responsables?" (Schopenhauerdescartessartreetcompagnie. Quelle bonne surprise, vous ici ?)
Je quitte donc - à regret - mes amis Apollinaire et Balzac pour le non moins comique et facétieux (non je rigole) Kant.

J'ai donc deux mois d'hypokhâgne derrière moi, et je ne suis pas déçue. Il y a moins d'un an, j'étais en terminale, angoissée et à l'affût du moindre témoignage d'hypokhâgneux, à me demander si je faisais le bon choix et si j'avais des chances d'être admise en prépa ! Aujourd'hui, si je me sens tout aussi macroscopique, c'est devant la démesure de cette "bibliothèque de Babel" dont chaque minuscule miette que l'on découvre en prépa ne fait que nous rendre conscient de son infinité. Il faudrait tout lire, tout découvrir, et même si l'on y consacrait plusieurs vies, on en serait encore qu'au tout début. J'ai constamment l'impression d'être à l'intérieur de ce tableau de Panini.

Galerie de vues de la Rome antique, Panini

Vous voyez ce que je veux dire ? Comme si j'étais, disons, l'un des deux tout petits bonhommes qui discutent au premier plan. Il y a tellement de trésors qu'on ne sait plus où regarder. On se sent tout petit et émerveillé. Évidemment, il y a des fois où c'est difficile, où on a envie de vivre dans une grotte et de n'avoir jamais entendu parler de phénoménologie ou de déclinaisons latines (ceci dit, la vie en prépa est assez assimilable à la vie dans une grotte pleine de livres, de sachets de thé, de plaids et de grosses chaussettes, fort heureusement ramenée à la vie par une colocataire sympathique enveloppée dans son propre plaid.)