Khâgneuse, imaginez-vous. Du jour au lendemain. Par où commencer ? Vaste question qui, si elle se pose pour mon article, n'a pas été matière à s'attarder au cours de cette première semaine. Comment vous dire ? J'ai la sensation qu'en khâgne, on part du principe qu'on avait un train à prendre il y a dix minutes, une bonne grosse locomotive désormais en pleine course, et dont il faut maintenant poursuivre coûte que coûte les furieux wagons dans leur chevauchée des Walkyries, dût-on perdre trois jambes en route, jusqu'au prochain arrêt (à savoir le mois d'Avril : lorsqu'on en aura enfin terminé avec ces concours. Vous voyez la métaphore ? J'avais aussi un jeu de mots avec Tramway nommé désir, mais je me suis reprise.) Bon, en un mot, en khâgne, on est vite plongés dans le vif du sujet. (Traduisez ledit "vif-du-sujet" par trois explications de texte en Lettres, cinq articles de presse en anglais, espagnol et géo à commenter, deux versions. Voici mes devoirs pour ce "seul week-end soft", selon ma prof d'anglais, de début d'année.)
Le point positif, c'est que mon enthousiasme, en hibernation depuis la fin de l'été, est revenu au galop (que de chevauchées fantastiques dans cet article !) Comme en début d'hypokhâgne, je me suis pris, cette semaine, une gifle de culture, de littérature et d'esprit critique. Et, comme tous les ans, cette irrémédiable prise de conscience : mon dieu, les exigences ont triplé, cette année c'est du sérieux, blah, blah, blah. J'avoue que je ne m'attendais pas du tout à cet écart considérable entre hypokhâgne et khâgne : nouvelle intransigeance des professeurs (qui restent très gentils et jamais humiliants mais dont on sent bien qu'ils attendent bien plus que l'année dernière au niveau de nos "connaissances de base" et de notre investissement personnel), nouvelles techniques de travail (puisque nouvelle quantité de travail), ambition des programmes proposés...
La grosse différence que j'ai noté pour l'instant concerne la nécessité d'acquérir au plus vite un regard critique sur le monde qui nous entoure. Regard critique qui, en ce qui me concerne, se résume plus ou moins à "Oh l'autre ça s'fait pas ! La guerre c'est pas gentil dis." Cette année, il faudra s'astreindre à lire la presse espagnole, anglaise, et française bien sûr, au moins une fois par semaine, ce que (honte à moi) je n'ai jamais fait, en bonne "ingénue-bovaryste-férue-d'histoires-et-de-poésie-croyant-se-marier-avec-Marcel-Proust-plus-tard" que je suis. Mais je dois avouer que tout cela est assez génial. Une occasion de s'ouvrir l'esprit, et de (peut-être un jour) comprendre un chouïlla l'actualité.
Voilà. Une semaine dense, en somme. Aussi dense que réjouissante. Et vous, comment s'est passé votre rentrée ?
dimanche 8 septembre 2013
lundi 2 septembre 2013
Camarades khâgneux, l'aventure nous attend !
Voilà, je ré-emménage aujourd'hui à l'internat, mes valises pleines à craquer d'un savant mélange de frousse et de curiosité. Je n'aurai pas internet pour vous raconter mes premières aventures en direct, alors il me reste à vous souhaiter à tous une excellente rentrée ! à très bientôt :)
samedi 24 août 2013
Frayeurs khâgnesques
Je suis de retour ! Alors voilà, mes (formidables) vacances touchent à leur fin et dans un peu plus d'une semaine, je serai officiellement en khâgne. Et pour l'instant, je dois dire que cela m'inspire un incommensurable sentiment de frayeur. C'est idiot, surtout si l'on considère mon enthousiasme quasi-continu de l'année dernière, mais j'ai peur.
Peur, tout d'abord, de rentrer dans une logique qui n'est pas la mienne : celle du "challenge", du sprint harassant vers une fin bien définie. Certaines personnes aiment à se lancer sans cesse de nouveaux défis, et j'en connais déjà qui verront à coup sûr l'année de khâgne comme telle : un challenge, celui du concours, du bouclage d'un programme, etc...
Si je suis en prépa L, c'est par amour des livres : j'ai envie qu'on me raconte des histoires, j'ai envie de les apprécier, d'y réfléchir, de les raconter à mon tour et d'en imaginer de nouvelles. C'est ce que j'ai tant aimé en hypokhâgne : ce flux continu d'histoires qui se recoupent sans arrêt, nous permettant ainsi d'entrevoir le caractère essentiel, dans une vie comme dans l'Histoire avec un grand H, de la fiction et des choses racontées avec des mots. Découvrir tout cela, c'est moins du travail qu'un plaisir, puisqu'on sait qu'on aura jamais fini d'apprendre : il n'y a presque aucun enjeu, simplement un tête à tête avec des milliers de mots dont on sait qu'on n'en saisira jamais le sens précis.
Et si la khâgne était si intensive, si ciblée sur le concours, qu'elle me faisait perdre un amour finalement assez ingénu des livres ? Et si l'enjeu de l'année prochaine était de "tout savoir" sur le programme - perspective qui ne m'attire pas dans la mesure ou je ne cherche pas à "savoir" quoi que ce soit mais à découvrir - ?
Et puis, mille autres peurs peut-être infondées, plus ou moins les mêmes qu'avant l'hypokhâgne, peur de tout sacrifier à la prépa, de déprimer, ou encore d'être nulle...
Bien sûr, je reste curieuse de découvrir la khâgne, et je me doute bien qu'elle sera au moins aussi passionnante que l'hypokhâgne, mais tout de même... Peut-être les anciens khâgneux, s'il passent par là, pourront-ils me dire si mes craintes sont justifiées ?
Côté travail, je pense entreprendre un marathon la semaine prochaine, puisqu'il me reste 3 disserts d'espagnol, Les Tragiques d'Aubigné à lire, les œuvres lues à ficher et le livre "Les américains" d'André Kaspi à finir... Je sens que je vais m'amuser et mon petit doigt me dit que tous les futurs khâgneux vont passer sensiblement la même semaine que moi ! Bon stress de pré-rentrée à ceux qui passent par là :)
Peur, tout d'abord, de rentrer dans une logique qui n'est pas la mienne : celle du "challenge", du sprint harassant vers une fin bien définie. Certaines personnes aiment à se lancer sans cesse de nouveaux défis, et j'en connais déjà qui verront à coup sûr l'année de khâgne comme telle : un challenge, celui du concours, du bouclage d'un programme, etc...
Si je suis en prépa L, c'est par amour des livres : j'ai envie qu'on me raconte des histoires, j'ai envie de les apprécier, d'y réfléchir, de les raconter à mon tour et d'en imaginer de nouvelles. C'est ce que j'ai tant aimé en hypokhâgne : ce flux continu d'histoires qui se recoupent sans arrêt, nous permettant ainsi d'entrevoir le caractère essentiel, dans une vie comme dans l'Histoire avec un grand H, de la fiction et des choses racontées avec des mots. Découvrir tout cela, c'est moins du travail qu'un plaisir, puisqu'on sait qu'on aura jamais fini d'apprendre : il n'y a presque aucun enjeu, simplement un tête à tête avec des milliers de mots dont on sait qu'on n'en saisira jamais le sens précis.
Et si la khâgne était si intensive, si ciblée sur le concours, qu'elle me faisait perdre un amour finalement assez ingénu des livres ? Et si l'enjeu de l'année prochaine était de "tout savoir" sur le programme - perspective qui ne m'attire pas dans la mesure ou je ne cherche pas à "savoir" quoi que ce soit mais à découvrir - ?
Et puis, mille autres peurs peut-être infondées, plus ou moins les mêmes qu'avant l'hypokhâgne, peur de tout sacrifier à la prépa, de déprimer, ou encore d'être nulle...
Bien sûr, je reste curieuse de découvrir la khâgne, et je me doute bien qu'elle sera au moins aussi passionnante que l'hypokhâgne, mais tout de même... Peut-être les anciens khâgneux, s'il passent par là, pourront-ils me dire si mes craintes sont justifiées ?
Côté travail, je pense entreprendre un marathon la semaine prochaine, puisqu'il me reste 3 disserts d'espagnol, Les Tragiques d'Aubigné à lire, les œuvres lues à ficher et le livre "Les américains" d'André Kaspi à finir... Je sens que je vais m'amuser et mon petit doigt me dit que tous les futurs khâgneux vont passer sensiblement la même semaine que moi ! Bon stress de pré-rentrée à ceux qui passent par là :)
jeudi 1 août 2013
Pause.
Juste un petit message pour vous dire que je m'en vais, loin, loin, loin de mes révisions pour deux semaines ! Parce-qu'un voyage en hypokhâgne, c'est bien, mais un petit tour à travers l'Europe entre amis ça ne se refuse pas :)
Two for the Road, Stanley Donen
Seulement deux livres dans ma valise (exploit spartiate) : La naissance de la Tragédie de Nietzsche et Final del Juego de Julio Cortazar.
à bientôt, bon été à vous !
dimanche 21 juillet 2013
De la fatigue en prépa.
S'il y a bien un présupposé sur la prépa qui s'avère ne pas être un cliché du tout, c'est bien la fatigue, voir l'épuisement, ce syndrome du cerveau en bouillie, purée, confiture (et autres mets gloubiboulguesques de votre choix), qui vous assaille durant la période hivernale et vous transforme, tous autant que vous êtes, en de sombres et lymphatiques flans au regard vide. (Décidément, j'ose espérer que cet article parlera aux gastronomes) N'étant pas d'une nature excessivement sportive, - euphémisme quand tu nous tiens - j'avoue que j'ai souffert de cet aspect de l'hypokhâgne, et je me rends compte que je n'en ai peut-être pas assez parlé. Mais voyez vous, je commence à m'inquiéter sérieusement de ce qu'il en sera en khâgne, où la densité de travail, à ce qu'on m'en dit, continue à croître. Comment lutter contre la fatigue en prépa ? C'est une question que je me pose toujours, et que je vous pose à vous, d'ailleurs. Voici comment j'ai fait pour lutter un tant soit peu pendant l'année.
1- Les siestes : La première règle lorsqu'on est interne (et c'est là qu'on se rend compte de notre chance), c'est de sauter sur n'importe quelle heure de trou pour aller rejoindre son lit, même pour 20 précieuses minutes. L'heure suivant le dernier cours est aussi dédié à la couette. Pendant l'hiver, je trouve que c'est le seul moyen de tenir.
2- Les vitamines : indispensables durant la période la plus ardue (hiver-concours-blanc-grippe-et-j'en-passe) Personnellement j'ai opté pour une cure de vitamine C, puis de levure de bière.
3- Notre ami le kiwi : J'en ai usé et abusé pendant l'année. Idem pour les oranges. Pour un effet coup de fouet, lâchez-moi ce kinder bueno, allons, pas d'enfantillages, et engloutissez-moi cette corbeille de fruits !
4- Participer en cours : Parfois, le meilleur moyen que je trouvais pour sortir de ma torpeur, c'était de lever la main pour donner une réponse, ou poser une question. Je trouve que cela permet de se remotiver, de réaliser que malgré notre état, aussi piteux soit-il, le cours est passionnant et qu'un prof tout aussi harassé est entrain de se donner à fond pour nous. Une fois redressé et alerte, on oublie sa fatigue. (ou pas)
5- Les siestes : non parce-que c'est vraiment important.
Et vous, quelles sont vos astuces contre la fatigue prépateuse ?
1- Les siestes : La première règle lorsqu'on est interne (et c'est là qu'on se rend compte de notre chance), c'est de sauter sur n'importe quelle heure de trou pour aller rejoindre son lit, même pour 20 précieuses minutes. L'heure suivant le dernier cours est aussi dédié à la couette. Pendant l'hiver, je trouve que c'est le seul moyen de tenir.
2- Les vitamines : indispensables durant la période la plus ardue (hiver-concours-blanc-grippe-et-j'en-passe) Personnellement j'ai opté pour une cure de vitamine C, puis de levure de bière.
3- Notre ami le kiwi : J'en ai usé et abusé pendant l'année. Idem pour les oranges. Pour un effet coup de fouet, lâchez-moi ce kinder bueno, allons, pas d'enfantillages, et engloutissez-moi cette corbeille de fruits !
4- Participer en cours : Parfois, le meilleur moyen que je trouvais pour sortir de ma torpeur, c'était de lever la main pour donner une réponse, ou poser une question. Je trouve que cela permet de se remotiver, de réaliser que malgré notre état, aussi piteux soit-il, le cours est passionnant et qu'un prof tout aussi harassé est entrain de se donner à fond pour nous. Une fois redressé et alerte, on oublie sa fatigue. (ou pas)
5- Les siestes : non parce-que c'est vraiment important.
Et vous, quelles sont vos astuces contre la fatigue prépateuse ?
mercredi 17 juillet 2013
Studiosité estivale !
Sérieusement, ça fait trop "cliché de khâgneux" si je vous dis que ma valise a rendu l'âme hier sous le poids des livres que j'avais emporté en vacances ?
Et oui, une fois de plus, je me vois contrainte de différer ma participation au concours de la plus haute forteresse de magazines "Glamour" sur la plage - deux années de suite ça la fout mal - pour me consacrer à la bibliographie copieuse que mes camarades futur khâgneux et moi-même avons reçu en guise de cadeau de vacances. Un petit pincement au cœur, tout de même, à la vue de tous ces livres qui me font de l’œil sur ma bibliothèque, Belle du seigneur d'Albert Cohen, la suite de la Recherche, La Peau de Chagrin de Balzac, livres de vacances par excellence, et qui devront probablement attendre l'été prochain ! Bon, les œuvres au programme, du moins celles que j'ai lues pour l'instant, restent intéressantes, et sûrement passionnantes à étudier, mais je crois qu'aucune d'entre elles ne m'a réellement transportée comme l'aurait fait un bon petit roman que j'aurai choisi par moi-même. En même temps, le fait d'avoir des œuvres obligatoires permet d'élargir ses horizons dans la mesure où, soyons honnêtes, personne ne se réveille le matin en se disant "quelle belle journée, je suis bien d'humeur à me coltiner les 800 pages du Siècle de Louis XIV aujourd'hui." Bon, alors voici mes premières impressions sur les livres que j'ai lu.
J'ai d'abord jeté mon dévolu sur Don Quichotte, que j'avais étudié en espagnol et qui m'avait plu. Beau livre, rigolo et touchant. Ce que j'ai préféré, ce sont les histoires qui se télescopent, lorsqu'un nouveau personnage survient et qu'il nous expose ses maintes aventures sur le ton du conte fantastique, et que les autres personnages deviennent ceux à qui l'on raconte une histoire. Pour continuer dans la spé Lettres, j'ai aussi lu Erec et Enide de Chrétien de Troyes, qui m'a beaucoup surprise : n'étant pas à proprement parler une férue d'épopée, je craignais le pire et le fait est que je me suis beaucoup amusée en lisant ce roman. Le côté magique (le nain, la prolifération de diamants et de pierres précieuses) et musical (on ressent vraiment que ce genre d'histoire était chanté) m'ont fait me prendre au jeu du roman de chevalerie. Par contre, la vision de la femme se résume plus ou moins à "elle était merveilleusement belle et pleine de grâce, si bien que même cette petite joueuse d'Yseult ne lui arrivait pas à la cheville et elle ne disait jamais mot qui pût contrarier son chevalier de mari, parce-que faut quand même pas pousser hein, c'est qui l'homme ici ?"
Ensuite, pour le tronc commun j'ai lu Le siècle de Louis XIV de Voltaire, lecture assez douloureuse et ardue, mais qui malgré tout, j'entends lorsque l'on s'enferme dans une petite chambre vide de 2 mètres carré avec ledit ouvrage et une boîte de paracétamol, peut s'avérer surprenant et intéressant. Certaines anecdotes sont amusantes, et il y a des moments où l'on sent que Voltaire porte un regard critique sur les grands hommes de cette époque. Et puis, au bout d'une centaine de pages, je dirais qu'on s'y fait, et il y a même certains passages où je me suis surprise à me passionner pour les conquêtes de ce bougre de Loulou. Ce que j'ai trouvé vraiment insoutenable, ce sont les descriptions de stratégies et autres avancées militaires qui, alors que j'ai beau lire de vrais mots dans de vraies phrases, ne transmettent à mon cerveau qu'une purée trouble et hachée menu de "blah blah blah".
Puis je me suis attaquée à Cromwell, que j'ai plutôt bien aimé même si je ne fais pas partie des inconditionnels de Hugo. J'ai beaucoup aimé les fous du rois, amuseurs philosophes qui tournent en dérision les combines grotesques et les quiproquos épineux sillonnant la pièce, et qui nous questionnent à raison : clowns et ambitieux confondus, qui est le plus fou ? Ces personnages secondaires m'ont fait penser aux intermèdes clownesques qu'on peut trouver dans les pièces de Shakespeare (d'ailleurs il me semble que Hugo fait référence à Falstaff quelque part dans la pièce)
Pour finir, j'ai lu Dans la Solitude des Champs de Coton de Koltès, pièce qui me pose problème dans la mesure où je n'ai pas encore décidé de mon avis. Je trouve le thème du désir intéressant, ainsi que ce qu'en disent les personnages, mais quelque chose me dérange. Je crois que cela a un rapport avec la manière dont s'expriment les personnages. Je trouve le ton un peu sentencieux, solennel, comme s'ils entretenaient une conversation inspirée, et pourtant j'ai le sentiment qu'ils ne construisent rien ensemble, que chacun parle lorsque vient son tour, récite son texte. Je pense que je vais devoir relire pour mieux le comprendre.
Voilà ce que j'ai lu pour l'instant, là je suis dans les Tragiques et je commence à regarder la bibliographie de philo et d'espagnol...à suivre ! En passant, je me rends compte que ça fait un peu plus d'un an que je tiens ce blog de manière plus ou moins assidue, alors je voulais remercier ceux qui me suivent et qui m'encouragent à continuer. Même si je n'ai pas énormément de visites, le fait de se savoir lue est très stimulant ! Et merci aussi aux autres bloggeurs dont j'adore lire les aventures même lorsque je ne commente pas ! Sur ce, bon été :)
Et oui, une fois de plus, je me vois contrainte de différer ma participation au concours de la plus haute forteresse de magazines "Glamour" sur la plage - deux années de suite ça la fout mal - pour me consacrer à la bibliographie copieuse que mes camarades futur khâgneux et moi-même avons reçu en guise de cadeau de vacances. Un petit pincement au cœur, tout de même, à la vue de tous ces livres qui me font de l’œil sur ma bibliothèque, Belle du seigneur d'Albert Cohen, la suite de la Recherche, La Peau de Chagrin de Balzac, livres de vacances par excellence, et qui devront probablement attendre l'été prochain ! Bon, les œuvres au programme, du moins celles que j'ai lues pour l'instant, restent intéressantes, et sûrement passionnantes à étudier, mais je crois qu'aucune d'entre elles ne m'a réellement transportée comme l'aurait fait un bon petit roman que j'aurai choisi par moi-même. En même temps, le fait d'avoir des œuvres obligatoires permet d'élargir ses horizons dans la mesure où, soyons honnêtes, personne ne se réveille le matin en se disant "quelle belle journée, je suis bien d'humeur à me coltiner les 800 pages du Siècle de Louis XIV aujourd'hui." Bon, alors voici mes premières impressions sur les livres que j'ai lu.
J'ai d'abord jeté mon dévolu sur Don Quichotte, que j'avais étudié en espagnol et qui m'avait plu. Beau livre, rigolo et touchant. Ce que j'ai préféré, ce sont les histoires qui se télescopent, lorsqu'un nouveau personnage survient et qu'il nous expose ses maintes aventures sur le ton du conte fantastique, et que les autres personnages deviennent ceux à qui l'on raconte une histoire. Pour continuer dans la spé Lettres, j'ai aussi lu Erec et Enide de Chrétien de Troyes, qui m'a beaucoup surprise : n'étant pas à proprement parler une férue d'épopée, je craignais le pire et le fait est que je me suis beaucoup amusée en lisant ce roman. Le côté magique (le nain, la prolifération de diamants et de pierres précieuses) et musical (on ressent vraiment que ce genre d'histoire était chanté) m'ont fait me prendre au jeu du roman de chevalerie. Par contre, la vision de la femme se résume plus ou moins à "elle était merveilleusement belle et pleine de grâce, si bien que même cette petite joueuse d'Yseult ne lui arrivait pas à la cheville et elle ne disait jamais mot qui pût contrarier son chevalier de mari, parce-que faut quand même pas pousser hein, c'est qui l'homme ici ?"
Ensuite, pour le tronc commun j'ai lu Le siècle de Louis XIV de Voltaire, lecture assez douloureuse et ardue, mais qui malgré tout, j'entends lorsque l'on s'enferme dans une petite chambre vide de 2 mètres carré avec ledit ouvrage et une boîte de paracétamol, peut s'avérer surprenant et intéressant. Certaines anecdotes sont amusantes, et il y a des moments où l'on sent que Voltaire porte un regard critique sur les grands hommes de cette époque. Et puis, au bout d'une centaine de pages, je dirais qu'on s'y fait, et il y a même certains passages où je me suis surprise à me passionner pour les conquêtes de ce bougre de Loulou. Ce que j'ai trouvé vraiment insoutenable, ce sont les descriptions de stratégies et autres avancées militaires qui, alors que j'ai beau lire de vrais mots dans de vraies phrases, ne transmettent à mon cerveau qu'une purée trouble et hachée menu de "blah blah blah".
Puis je me suis attaquée à Cromwell, que j'ai plutôt bien aimé même si je ne fais pas partie des inconditionnels de Hugo. J'ai beaucoup aimé les fous du rois, amuseurs philosophes qui tournent en dérision les combines grotesques et les quiproquos épineux sillonnant la pièce, et qui nous questionnent à raison : clowns et ambitieux confondus, qui est le plus fou ? Ces personnages secondaires m'ont fait penser aux intermèdes clownesques qu'on peut trouver dans les pièces de Shakespeare (d'ailleurs il me semble que Hugo fait référence à Falstaff quelque part dans la pièce)
Pour finir, j'ai lu Dans la Solitude des Champs de Coton de Koltès, pièce qui me pose problème dans la mesure où je n'ai pas encore décidé de mon avis. Je trouve le thème du désir intéressant, ainsi que ce qu'en disent les personnages, mais quelque chose me dérange. Je crois que cela a un rapport avec la manière dont s'expriment les personnages. Je trouve le ton un peu sentencieux, solennel, comme s'ils entretenaient une conversation inspirée, et pourtant j'ai le sentiment qu'ils ne construisent rien ensemble, que chacun parle lorsque vient son tour, récite son texte. Je pense que je vais devoir relire pour mieux le comprendre.
Voilà ce que j'ai lu pour l'instant, là je suis dans les Tragiques et je commence à regarder la bibliographie de philo et d'espagnol...à suivre ! En passant, je me rends compte que ça fait un peu plus d'un an que je tiens ce blog de manière plus ou moins assidue, alors je voulais remercier ceux qui me suivent et qui m'encouragent à continuer. Même si je n'ai pas énormément de visites, le fait de se savoir lue est très stimulant ! Et merci aussi aux autres bloggeurs dont j'adore lire les aventures même lorsque je ne commente pas ! Sur ce, bon été :)
dimanche 23 juin 2013
Comment survivre en hypokhâgne ?
Un petit post à l'intention des futurs hypokhâgneux (en passant, j'espère que votre BAC s'est bien passé). Il y a un an, à la même époque, je passais mes journées à arpenter les blogs, les témoignages qui m'assureraient que non, l'hypokhâgne n'était pas nécessairement ce lieu sordide où viennent s'échouer vie sociale, estime de soi et intégrité. C'est pourquoi j'ai envie de rassurer ceux qui sont dans ce cas-là en leur livrant quelques éléments à mon sens indispensables pour passer une hypokhâgne paisible. (Ah, et au fait : je passe en khâgne Lettres Modernes !)
1- Aimer ce que vous faites. Je pense que c'est vraiment ce qui m'a porté toute l'année, même lorsque, épuisée, je me languissais de mes années révolues de jemenfoutisme chronique. Ce que j'aime dans la vie, c'est, entre autres, lire de beaux livres. Si vous êtes dans le même cas que moi, et que vous vous efforcez de vous en souvenir tout au long de l'année, rien ne peux vous arriver. Peu importe vos mauvaises notes ou votre fatigue, face à cette chance inouïe que vous avez d'entendre parler toute la journée des choses que vous aimez.
2- (Pour les internes) Avoir un(e) colocataire extraordinaire. Là, je vous l'accorde, c'est parfois plus compliqué, puisqu'on ne choisit pas sur qui on tombe. Mais vraiment, le fait de vivre avec quelqu'un qui vit exactement la même chose que vous, surtout si vous vous entendez à merveille, n'a pas d'égal pour dédramatiser. Les galères, les heures passées à rédiger la dissert commencée la veille pour le lendemain, les crises de folies, tout ce qui, si on l'affronte dans son coin, semble vous laisser deux alternatives A- avaler la boite de somnifères ou B- prendre le prochain vol pour Buenos Aires, tout cela est tellement plus rigolo avec un compagnon de route. Honnêtement, avec un colocataire, on passe aisément de la crise de nerfs au fou rire. Si vous n'êtes pas interne, c'est la même chose : la plupart des gens de ma classe travaillent avec leur petit groupe d'amis, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles.
3- Prendre de la distance, ce qui est particulièrement difficile au début, mais primordial. Avoir 4 au devoir que vous avez passé 20h à rédiger, cela vous arrivera sûrement, et au début de l'année, ça blesse vraiment. Je me rappellerai toujours ma première note de philo (ma matière préférée en terminale) : 4, et ma réaction disproportionnée. J'avais beau me dire que ce n'était qu'une note, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir nulle. Et à la fin de l'année, un 6 en géo ne me faisait plus ni chaud ni froid. Il faut essayer, aussi difficile que ce soit sur le moment, de se rappeler qu'une note, on s'en fiche complètement, surtout en hypokhâgne (puisqu'elle ne débouche sur aucun concours ni examen). Il faut tenter, le plus tôt possible, de Dé-dra-ma-ti-ser.
4- Se réserver des moments de totale décontraction. Cette année, je me suis rendue compte - un peu tard - que le vendredi soir n'était pas fait pour réviser ou s'avancer dans ses devoirs du week-end, mais bien pour aller boire un verre avec ses amis. Qu'au moins un soir par semaine, la chambre devait nécessairement se transformer en home cinéma (c'est ainsi que la veille du concours blanc de philo, ma coloc et moi-même avons regardé Robin des Bois - le dessin animé, si si - , chef d'œuvre du septième art s'il en est, et de la plus haute portée philosophique) Que tous les soirs sans exception, le racontage de vie autour d'un thé était une étape obligatoire. Tout le monde pense qu'en l'hypokhâgne, on passe sa vie à travailler, et j'ignore ce qu'il en sera en khâgne, mais en réalité, si je repense à cette année, je me rends compte que rares sont les semaines où je me suis privée de ces nombreux moments de détente.
Voici les principes que j'ai tenté d'observer cette année, j’espère que cela servira un tant soit peu aux futurs hypokhâgneux qui vont passer l'été à se maudire d'avoir choisi cette voie maléfique qu'est la prépa ahahaha !
1- Aimer ce que vous faites. Je pense que c'est vraiment ce qui m'a porté toute l'année, même lorsque, épuisée, je me languissais de mes années révolues de jemenfoutisme chronique. Ce que j'aime dans la vie, c'est, entre autres, lire de beaux livres. Si vous êtes dans le même cas que moi, et que vous vous efforcez de vous en souvenir tout au long de l'année, rien ne peux vous arriver. Peu importe vos mauvaises notes ou votre fatigue, face à cette chance inouïe que vous avez d'entendre parler toute la journée des choses que vous aimez.
2- (Pour les internes) Avoir un(e) colocataire extraordinaire. Là, je vous l'accorde, c'est parfois plus compliqué, puisqu'on ne choisit pas sur qui on tombe. Mais vraiment, le fait de vivre avec quelqu'un qui vit exactement la même chose que vous, surtout si vous vous entendez à merveille, n'a pas d'égal pour dédramatiser. Les galères, les heures passées à rédiger la dissert commencée la veille pour le lendemain, les crises de folies, tout ce qui, si on l'affronte dans son coin, semble vous laisser deux alternatives A- avaler la boite de somnifères ou B- prendre le prochain vol pour Buenos Aires, tout cela est tellement plus rigolo avec un compagnon de route. Honnêtement, avec un colocataire, on passe aisément de la crise de nerfs au fou rire. Si vous n'êtes pas interne, c'est la même chose : la plupart des gens de ma classe travaillent avec leur petit groupe d'amis, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles.
3- Prendre de la distance, ce qui est particulièrement difficile au début, mais primordial. Avoir 4 au devoir que vous avez passé 20h à rédiger, cela vous arrivera sûrement, et au début de l'année, ça blesse vraiment. Je me rappellerai toujours ma première note de philo (ma matière préférée en terminale) : 4, et ma réaction disproportionnée. J'avais beau me dire que ce n'était qu'une note, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir nulle. Et à la fin de l'année, un 6 en géo ne me faisait plus ni chaud ni froid. Il faut essayer, aussi difficile que ce soit sur le moment, de se rappeler qu'une note, on s'en fiche complètement, surtout en hypokhâgne (puisqu'elle ne débouche sur aucun concours ni examen). Il faut tenter, le plus tôt possible, de Dé-dra-ma-ti-ser.
4- Se réserver des moments de totale décontraction. Cette année, je me suis rendue compte - un peu tard - que le vendredi soir n'était pas fait pour réviser ou s'avancer dans ses devoirs du week-end, mais bien pour aller boire un verre avec ses amis. Qu'au moins un soir par semaine, la chambre devait nécessairement se transformer en home cinéma (c'est ainsi que la veille du concours blanc de philo, ma coloc et moi-même avons regardé Robin des Bois - le dessin animé, si si - , chef d'œuvre du septième art s'il en est, et de la plus haute portée philosophique) Que tous les soirs sans exception, le racontage de vie autour d'un thé était une étape obligatoire. Tout le monde pense qu'en l'hypokhâgne, on passe sa vie à travailler, et j'ignore ce qu'il en sera en khâgne, mais en réalité, si je repense à cette année, je me rends compte que rares sont les semaines où je me suis privée de ces nombreux moments de détente.
Voici les principes que j'ai tenté d'observer cette année, j’espère que cela servira un tant soit peu aux futurs hypokhâgneux qui vont passer l'été à se maudire d'avoir choisi cette voie maléfique qu'est la prépa ahahaha !
mercredi 12 juin 2013
This is the end...Beautiful friend, the end (The doors)
Les amis, à l'heure qu'il est je sors de ma dernière khôlle. D e r n i è r e, vous entendez ? Bon, dernière, pas de toute la vie puisque je continue l'expédition l'an prochain, mais quand même. ça fait bizarre.
Me voici à la fin de l'hypokhâgne (en vacances samedi, conseil de classe mardi prochain !). Étrange sentiment de désœuvrement hébété au retour de ma khôlle : comme une retombée de toute cette année aussi intensive que géniale, mêlée à l'attente frénétique d'une suite. Un peu comme lorsque la dernière page d'un livre stupéfiant vous laisse errer dans une torpeur contemplative, mais qu'en même temps, le tome suivant vous fait de l’œil sur la table de nuit. Etrange de se repasser tout le chemin parcouru, oui je sais je donne dans le topos mais il faut le dire, quel chemin fou, irrésumable, dense, enrichissant, long et pourtant ayant filé à une telle allure ! Curiosité fébrile à propos de ce qui m'attend l'année prochaine. Envie d'en voir plus, d'en apprendre plus, qui m'a d'ailleurs accompagnée tout le long de l'hypokhâgne. Après une longue hésitation, j'ai demandé une khâgne Lettres Modernes, et je sens que ça va être fou, fou, fou !
Sinon, j'ai eu mes notes de concours blanc, je suis un peu déçue de ne pas avoir progressé, mais je garde un bon classement : j'étais 4ème au premier, je suis 5ème au second.
En ce moment j'ai du mal à finir un livre (j'en commence plein à la fois, je crois que c'est l'agitation de la fin de l'année qui veut ça) mais j'ai bien envie de m'attaquer à la bibliographie de Lettres!
Pour le tronc commun :
Théodore Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques
Victor Hugo, Cromwell
Honoré de Balzac, Le Faiseur
Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton
Voltaire, Le Siècle de Louis XIV
Et pour la spé :
Chrétien de Troyes, Erec et Enide
Cervantès, L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche
Me voici à la fin de l'hypokhâgne (en vacances samedi, conseil de classe mardi prochain !). Étrange sentiment de désœuvrement hébété au retour de ma khôlle : comme une retombée de toute cette année aussi intensive que géniale, mêlée à l'attente frénétique d'une suite. Un peu comme lorsque la dernière page d'un livre stupéfiant vous laisse errer dans une torpeur contemplative, mais qu'en même temps, le tome suivant vous fait de l’œil sur la table de nuit. Etrange de se repasser tout le chemin parcouru, oui je sais je donne dans le topos mais il faut le dire, quel chemin fou, irrésumable, dense, enrichissant, long et pourtant ayant filé à une telle allure ! Curiosité fébrile à propos de ce qui m'attend l'année prochaine. Envie d'en voir plus, d'en apprendre plus, qui m'a d'ailleurs accompagnée tout le long de l'hypokhâgne. Après une longue hésitation, j'ai demandé une khâgne Lettres Modernes, et je sens que ça va être fou, fou, fou !
Sinon, j'ai eu mes notes de concours blanc, je suis un peu déçue de ne pas avoir progressé, mais je garde un bon classement : j'étais 4ème au premier, je suis 5ème au second.
En ce moment j'ai du mal à finir un livre (j'en commence plein à la fois, je crois que c'est l'agitation de la fin de l'année qui veut ça) mais j'ai bien envie de m'attaquer à la bibliographie de Lettres!
Pour le tronc commun :
Théodore Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques
Victor Hugo, Cromwell
Honoré de Balzac, Le Faiseur
Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton
Voltaire, Le Siècle de Louis XIV
Et pour la spé :
Chrétien de Troyes, Erec et Enide
Cervantès, L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche
dimanche 12 mai 2013
"J'suis snob...C'est vraiment l'seul défaut que j'gobe" (Boris Vian)
Je me suis rendue compte que je n'avais encore jamais parlé des soucis qu'il est possible de rencontrer en hypokhâgne, alors voilà, aujourd'hui je vais tenter d'évoquer les questions que je me pose tous les jours en prépa. J'espère que mes co-bloggeurs prépateux, s'ils passent par là, pourront m'éclairer ou me dire s'ils ressentent la même chose.
Ce que j'ai pu constater non sans une certaine amertume, c'est le côté "petit monde bien clos sur lui-même" de la prépa. Qui se clôt de plus en plus au fil de notre apprentissage, d'ailleurs. La prépa, c'est élitiste, on le sait à force d'entendre rabâchés les clichés par ceux qui n'y ont jamais mis les pieds. Clichés, dans le sens où non, nous ne multiplions pas les crasses envers nos camarades en vue d'un classement, et où non, nous ne sommes pas tous de pâles intellos inhibés à bretelles programmés pour réciter des cours par cœur toute la journée. Loin de là. Et pourtant...le côté élitiste demeure, même si ce n'est pas dans le sens où tout le monde l'entend habituellement. Élitiste dans le sens où on vit sur une autre planète, où l'on nous apprend à tout penser autrement. Avoir une prof de géo qui commence toutes ses phrases par "Contrairement à ce qu'un vain peuple pense, [...]" ou qui sort tout naturellement des traits tels que "Votre manière de vous exprimer est comparable à celle de la mauvaise presse néo-trotskyste post-soixante-huitarde", ça a du bon, ça donne l'impression de se coucher moins bête que l'on ne s'est levé et ça nous apprend à être exigent. Mais ça a aussi quelque chose d'effrayant : et si se cultiver, c'était apprendre à être méprisant, à voir la moindre chose à travers son filtre d'intellectuel, depuis un îlot retiré ? Et si se cultiver, c'était apprendre à être malheureux, reclus dans un orgueil solitaire ? "L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir", écrit Victor Hugo. Comment échapper à ce choix ? Tenter de penser les choses sans vivre dans sa grotte ? En prépa, je me suis vite rendue compte que si on ne fait pas attention à rester sur terre, le risque est une solitude gigantesque.
Ce que j'ai pu constater non sans une certaine amertume, c'est le côté "petit monde bien clos sur lui-même" de la prépa. Qui se clôt de plus en plus au fil de notre apprentissage, d'ailleurs. La prépa, c'est élitiste, on le sait à force d'entendre rabâchés les clichés par ceux qui n'y ont jamais mis les pieds. Clichés, dans le sens où non, nous ne multiplions pas les crasses envers nos camarades en vue d'un classement, et où non, nous ne sommes pas tous de pâles intellos inhibés à bretelles programmés pour réciter des cours par cœur toute la journée. Loin de là. Et pourtant...le côté élitiste demeure, même si ce n'est pas dans le sens où tout le monde l'entend habituellement. Élitiste dans le sens où on vit sur une autre planète, où l'on nous apprend à tout penser autrement. Avoir une prof de géo qui commence toutes ses phrases par "Contrairement à ce qu'un vain peuple pense, [...]" ou qui sort tout naturellement des traits tels que "Votre manière de vous exprimer est comparable à celle de la mauvaise presse néo-trotskyste post-soixante-huitarde", ça a du bon, ça donne l'impression de se coucher moins bête que l'on ne s'est levé et ça nous apprend à être exigent. Mais ça a aussi quelque chose d'effrayant : et si se cultiver, c'était apprendre à être méprisant, à voir la moindre chose à travers son filtre d'intellectuel, depuis un îlot retiré ? Et si se cultiver, c'était apprendre à être malheureux, reclus dans un orgueil solitaire ? "L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir", écrit Victor Hugo. Comment échapper à ce choix ? Tenter de penser les choses sans vivre dans sa grotte ? En prépa, je me suis vite rendue compte que si on ne fait pas attention à rester sur terre, le risque est une solitude gigantesque.
dimanche 28 avril 2013
Bien vivante !
De retour après un long silence ! L'hiver s'est enfin fait la malle, les choses et les personnes retrouvent le sourire et moi, j'ai de nouveau envie de vous parler. Je ne sais pas vraiment par où commencer. Cette période hivernale a été, conformément à ce qu'ils disent tous, éprouvante, assez redoutable par moments. Mais je suis là pour tout vous raconter, et cet hiver pugnace n'a pas eu (totalement) raison de moi, et n'a pas altéré, mais alors pas d'un gramme, ma passion des livres. J'aime ce que je fais, et je continue à clamer que si je suis en hypokhâgne, ce n'est pas pour me tuer aveuglément à la tâche ou pour que ma tête s'envole comme une montgolfière mais bien pour explorer une minuscule partie, à ma minuscule échelle, de cette bibliothèque de Babel qui me fascine tant. Pour lire, pour réfléchir sur les livres, pour rencontrer de nouveaux personnages et croquer des mots.
Toutefois, l'hiver m'a fait prendre conscience de certaines "limites" de la prépa que j'avais éludé jusqu'alors. J'en parlerai dans un article à venir. Pour l'instant j'ai simplement envie de vous parler de deux découvertes livresques de l'hiver.
Le premier, le compagnon fidèle de ma sinistrôse hivernale : Anton Tchekhov. Le dépouillement, l'ennui, le désespoir mutique des personnages de l'Oncle Vania et de la Cerisaie m'ont giflé. Je ne saurais pas l'expliquer, c'est comme si ces personnages qui se taisent ou pleurent, qui boivent et qui restent assis, comme s'ils n'avaient rien trouvé d'autre que de vivre leur vide devant nos yeux, pour nous crier qu'ils existent, qu'ils bouillonnent, sous leur inanité apparente, pour nous supplier de ne pas les oublier. Lecture d'hiver par excellence, Tchekhov s'est fondu dans mon environnement : ces arbres squelettiques si mornes devant lesquels je passais tous les jours, ce ciel lourd, cette neige boueuse, ils se sont tous mis à parler, à me réciter du Tchekhov.
Puis avec le départ du froid, c'est Shakespeare qui s'est invité chez moi. Shakespeare que je connaissais partiellement sans l'adorer et dont j'ai découvert deux pièces : Le Songe d'une nuit d'été et La Tempête. Qui m'ont happée dans un univers foisonnant, plutôt opposé à ce cher Tchekhov sous bien des aspects. Ces mondes magiques, fantaisistes et vaporeux ont quelque chose de consolateur après la réalité impitoyable de Tchekhov. Des fées, des esprits, du sommeil, des monstres, du théâtre dans le théâtre : dans ces deux pièces, tout n'est qu'un rêve merveilleux, parfois teinté d'angoisse et souvent jubilatoire.
"...Nos divertissements sont finis. Ces acteurs,
j'eus soin de vous le dire, étaient tous des esprits :
Ils se sont dissipés dans l'air, dans l'air subtil.
Tout de même que ce fantasme sans assises,
Les tours ennuagées, le palais somptueux,
Les temples solennels et ce grand globe même
Avec tous ceux qui l'habitent, se dissoudront,
S'évanouiront tel ce spectacle intemporel
Sans laisser derrière eux ne fût-ce qu'un brouillard.
Nous sommes faits de la même étoffe que les songes,
Et notre vie infime est cernée de sommeil..."
La Tempête, Shakespeare.
Toutefois, l'hiver m'a fait prendre conscience de certaines "limites" de la prépa que j'avais éludé jusqu'alors. J'en parlerai dans un article à venir. Pour l'instant j'ai simplement envie de vous parler de deux découvertes livresques de l'hiver.
Le premier, le compagnon fidèle de ma sinistrôse hivernale : Anton Tchekhov. Le dépouillement, l'ennui, le désespoir mutique des personnages de l'Oncle Vania et de la Cerisaie m'ont giflé. Je ne saurais pas l'expliquer, c'est comme si ces personnages qui se taisent ou pleurent, qui boivent et qui restent assis, comme s'ils n'avaient rien trouvé d'autre que de vivre leur vide devant nos yeux, pour nous crier qu'ils existent, qu'ils bouillonnent, sous leur inanité apparente, pour nous supplier de ne pas les oublier. Lecture d'hiver par excellence, Tchekhov s'est fondu dans mon environnement : ces arbres squelettiques si mornes devant lesquels je passais tous les jours, ce ciel lourd, cette neige boueuse, ils se sont tous mis à parler, à me réciter du Tchekhov.
Puis avec le départ du froid, c'est Shakespeare qui s'est invité chez moi. Shakespeare que je connaissais partiellement sans l'adorer et dont j'ai découvert deux pièces : Le Songe d'une nuit d'été et La Tempête. Qui m'ont happée dans un univers foisonnant, plutôt opposé à ce cher Tchekhov sous bien des aspects. Ces mondes magiques, fantaisistes et vaporeux ont quelque chose de consolateur après la réalité impitoyable de Tchekhov. Des fées, des esprits, du sommeil, des monstres, du théâtre dans le théâtre : dans ces deux pièces, tout n'est qu'un rêve merveilleux, parfois teinté d'angoisse et souvent jubilatoire.
"...Nos divertissements sont finis. Ces acteurs,
j'eus soin de vous le dire, étaient tous des esprits :
Ils se sont dissipés dans l'air, dans l'air subtil.
Tout de même que ce fantasme sans assises,
Les tours ennuagées, le palais somptueux,
Les temples solennels et ce grand globe même
Avec tous ceux qui l'habitent, se dissoudront,
S'évanouiront tel ce spectacle intemporel
Sans laisser derrière eux ne fût-ce qu'un brouillard.
Nous sommes faits de la même étoffe que les songes,
Et notre vie infime est cernée de sommeil..."
La Tempête, Shakespeare.
samedi 19 janvier 2013
Bilan concours blancs.
Latin : 9.
Je suis dans la moyenne. Rien de spécial à dire sinon que je
n'avais pas adoré le texte (il s'agissait du testament politique
d'Auguste) Le latin, ce n'est pas spécialement ma matière bien que
ça ne me déplaise pas. (j'adore la culture antique grâce à une
prof assez exceptionnelle qui redonne vie aux mythes et à
l'histoire)
Anglais : 13 en traduction
et 13.5 en commentaire. Rien à dire de spécial, j'avais beaucoup
aimé faire le commentaire sur ce texte de Henry James, traduire
m'intéresse moins. Je suis contente de mes notes mais maintenant je
voudrais arriver à faire mieux dans la mesure où j'avais eu 14 au
dernier commentaire sur table, aussi je n'ai pas envie de stagner.
Mais bon, super contente quand même !
Espagnol : 13.5 !
Alors là, vraiment super contente. Premièrement, parce-que je
progresse. Je suis passée de 9.5 à 10.5 et maintenant 13.5 !
Et deuxièmement, parce-que pour la première fois de ma vie
l'espagnol est une de mes matières préférées (si il y a une chose
surprenante concernant cette année c'est bien celle-ci !)
Honnêtement, je découvre la beauté de cette langue que j'ai honni du mieux que je pouvais du collège à la terminale. Pour couronner le tout j'ai une prof absolument
géniale, la seule à nous demander de faire
preuve de créativité, à nous donner des rédactions sans plus de
consignes que celle d'écrire sur le snobisme ou de rédiger un
sonnet. Je trouve ça génial parce-que les exercices
proposés en hypokhâgnes on quelque chose de très
codifié (du genre les règles de la dissertation que je trouve si
artificielles mais qu'on se doit de respecter sous peine de mort). Et
à travers ces exercices d'espagnol, on a le droit de ne pas se
prendre au sérieux : on
peux utiliser le ton que l'on veut, inventer des personnages, des
histoires. Je découvre aussi une littérature espagnole riche et imaginative : rien à voir avec les textes qu'on nous donnait dans le secondaire. Cette semaine j'ai terminé Cronica de una muerte
anunciada de Garcia Marquez
(pour les cours) et commencé les Ficciones
de Borges que j'avais déjà lu en français (pour le plaisir)
Philo :
12.5 ! Là aussi, je suis très contente car j'ai progressé,
sans compter que je reviens de loin (4 au premier devoir) J'avais
beaucoup aimé traiter le sujet « Sommes-nous des êtres Un ou
Multiples ? » Malgré tout, je pense que je n'aimerais
jamais autant la philo que l'année dernière, durant laquelle j'avais un prof exceptionnel.
Lettres : 15 !
Alors là, c'était la dernière chose à laquelle je m'attendais !
Devoir sur Proust, on devait s'appuyer sur une citation de
Chateaubriand qui disait que « la meilleure partie du génie se
compose de souvenirs », etc. Je suis vraiment vraiment super
contente, d'autant plus que je n'avais pas tellement l'impression
d'avoir réussi.
Voilà, il me manque encore Histoire, géo et Histoires des Arts. Pour l'instant je suis plutôt soulagée d'avoir limité les dégâts mais bon je sens quand même les 6/20 arriver en ce qui concerne les matières restantes.
Des nouvelles !
-->
Des nouvelles ! Je suis désolée
pour cette longue absence : je n'ai pas vraiment d'excuse, hormis une sorte d'angoisse de la page blanche, pleins de choses à vous raconter sans vraiment y parvenir. J'espère
que 2013 sera une année fructueuse pour vous, vos amis, vos taties,
vos mamys, perroquets, grigris et autres ! Pour ma part, 2013 évoque
plus ou moins la même chose que tous les ans: angoisse
du temps qui passe, exaltante certitude que lorsqu'on a une
passion rien ne peut nous arriver. Oscillation entre peur de vieillir
et rassurante pérennité de Proust, Simone de Beauvoir, Zweig et de
tous les autres.
Voilà, nous y sommes : la fameuse
période de janvier / février où tout le monde craque. Pour
l'instant, je crois que je suis toujours dans cette attitude de
« faites m'en voir plus ! » qui me porte depuis le
début de l'année – hormis à certains moments de découragement
où ce serait plutôt « hors de ma vue bande de barbaaaaares »,
bien sûr. Je ne vais pas prétendre que la prépa, c'est « finger
in the nose », parce-que c'est absolument faux.
Seulement, travailler, même lorsque c'est épuisant, harassant, fait
toujours émerger en moi cet îlot ténu – quand je sors de 6h de
devoir, il est plutôt hyper-ténu je vous l'accorde – de « et
plus loin, qu'est-ce qu'il y a ? ». Évidement ce n'est
pas vrai dans toutes les matières. En histoire ou en géo, par
exemple, j'ai un vrai problème : manque de
curiosité. Enfin, tout cela pour vous dire que pour l'instant j'aime
toujours la prépa, que j'ai très envie de rester. Bon, quant au
concours blanc, j'ai eu presque tous mes résultats alors je vais
pouvoir dresser un petit bilan. Rendez-vous plus haut !
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